22 de June de 2023

De branche en branche – Partie 47

Pour conclure la première partie de cette étude dite « quantitative », nous pouvons considérer que les objectifs suivants ont été atteints :

  • quantifier les informations sur l’alimentation et la nutrition véhiculées par la presse spécialisée destinée au grand public, en France et au Brésil ;
  • repérer les formats sous lesquels ces informations sur l’alimentation et la nutrition sont diffusées ;
  • classer les informations sur l’alimentation et la nutrition diffusées par la presse spécialisée destinée au grand public tant en France qu’au Brésil et selon les critères de la science de la nutrition.

En conclusion, nous pouvons dire que les magazines spécialisés en puériculture destinés au grand public, indépendamment du pays où ils ont été publiés, véhiculent un grand nombre d’informations sur l’alimentation et la nutrition.

Que ces informations soient à caractère commercial et concernant des produits alimentaires, ou qu’elles soient de nature purement journalistique, elles adressent au grand public un nombre important de messages sur ce thème.

En France, ces messages sont principalement délivrés sous forme de publicités et de communiqués de presse. Il y a donc lieu d’en inférer qu’en France ces informations revêtent un caractère plus commercial que journalistique[1].

Dans les magazines français, les produits alimentaires proposés par la publicité ont été nombreux et plus diversifiés que dans les magazines brésiliens.

Au Brésil, les informations sur l’alimentation et la nutrition sont surtout transmises par la voie des questions aux spécialistes, des informations brèves et des articles. Aussi les thèmes ont-ils été, dans ces rubriques, plus divers que dans les magazines français.

Il en ressort que les informations sur l’alimentation et la nutrition ont, dans les magazines brésiliens, une forme plus journalistique que dans les magazines français.

Parmi les différents domaines de la science de la nutrition, les thèmes les plus souvent cités par les magazines spécialisés en puériculture, tant en France qu’au Brésil, ont été les suivants:

  • l’alimentation et la nutrition pendant la grossesse ;
  • l’allaitement maternel ;
  • l’alimentation et la nutrition  infantile ;
  • la gastronomie ;
  • la technologie des aliments ;
  • la composition chimique des aliments ;
  • l’hygiène d’aliments.

Les thèmes sur l’alimentation et la nutrition sont plus souvent apparus en première de couverture dans les magazines brésiliens que dans les magazines français.

Dans l’ensemble, on peut estimer que, dans les deux pays, les magazines ont offert à leurs lecteurs des renseignements sur les mêmes thèmes concernant l’alimentation et la nutrition maternelle infantile, à quelques exceptions près, mais que ces renseignements ont été présentés sous des formes différentes selon le pays.

L’alimentation semble être un facteur préoccupant davantage les mères brésiliennes. Cette tendance, si elle est réelle, pourrait être expliquée par l’influence des cultures portugaise, africaine et indienne sur les modalités de la vie au Brésil où l’affection familiale s’exprime aussi par l’alimentation.

De plus, le Brésil a souvent souffert, et souffre encore d’épidémies, de malnutrition, de dénutrition et de carences alimentaires. À quoi s’ajoutent maintenant l’anémie, la surcharge pondérale et l’obésité, même et surtout dans les couches sociales les moins élevées. D’où de constantes préoccupations dans le domaine de la santé publique et le lancement de nombreuses campagnes de prévention et de promotion en matière de nutrition (INAN – Instituto Nacional de Alimentação e Nutrição, 1990 ; SISVAN – Sistema de Gestão Federal/Estadual de Vigilância Alimentar e Nutricional , 2004 ; Fiocruz, 2003)

Ceci, bien sûr, a pour premier effet d’attirer l’attention du public brésilien sur l’importance de l’alimentation et de la nutrition.

En France, ce sont des thèmes plus pointus, tels que la nutrition et la fertilité, ou encore la sécurité alimentaire qui semblent avoir les faveurs des magazines. Cela est peut-être dû à des événements d’ordre épidémiologique et épidémique qui ont touché la France. La reprise de la croissance  du taux de natalité en France a été une priorité politique. Désormais ce taux s’est bien amélioré, mais plutôt grâce à l’apport de l’immigration qu’à l’amélioration de la qualité nutritionnelle de l’alimentation. Pourtant la fécondation et la natalité restent encore une préoccupation dans la société française. L’alarme concernant la contamination de la viande de bœuf et le risque épidémique qui a touché la France lors de la manifestation des cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob, a fait que la sécurité alimentaire, en ce qui concerne l’origine des aliments, leur transport, leur manipulation, leur stockage, leur conservation etc. devient un facteur de préoccupation majeure. Dans ce cas les magazines ne font que suivre la « tendance ».

En quantifiant les informations sur l’alimentation et la nutrition véhiculées par la presse spécialisée grand public, nous avons pu constater une certaine confusion entre les messages, au stade le plus primaire. C’est ainsi que des messages commerciaux, très subtilement parfois, s’opposent entre eux. Comme nous l’avons déjà remarqué, il y a là de quoi semer la confusion dans l’esprit des lecteurs.

Cette part d’incohérence qui peut exister entre les différents messages, de quelque source que proviennent ces messages (médecin, publicité, pouvoirs publics, etc.) insinue subtilement dans les esprits le sentiment de ne plus savoir que penser.

Il se peut que les parents se sentent un peu perdus quand ils se proposent de réfléchir à leur conduite journalière.  Pourquoi achetons-nous des petits pots ? Pourquoi je n’allaite pas ?

Même si cette confusion n’est pas toujours consciente, il n’en resterait pas moins chez beaucoup de parents une sorte d’incertitude dans le choix des moyens propres à apporter à l’enfant les meilleures chances de croissance et de bonne santé, tant les informations sont aussi envahissantes que multiples ?

En effet, les parents ont à choisir entre toutes les sources d’informations qui les entourent : avis du médecin ou du pédiatre, conseils de leurs proches, communications des médias, réminiscences des traditions culturelles, expérience personnelle… Dans la majorité des cas, c’est le « conseiller » possédant le plus grand pouvoir de persuasion qui l’emporte.

Une telle autorité est souvent reconnue aux magazines parce qu’ils sont très accessibles et qu’on peut les consulter librement, mais aussi parce qu’ils se font les porte-parole de la science, ou encore plus simplement parce que leur aspect est séduisant.

Par conséquent, le contenu des messages et informations véhiculées méritent notre attention car comme nous l’avons mentionné dans la présente étude, certaines informations peuvent amener le public à se mettre en danger, d’autres à renforcer des images négatives ou les inciter à prendre de mauvaises habitudes alimentaires.

En raison de la masse d’informations qu’elle diffuse, la presse reste, à l’évidence, un outil primordial pour la diffusion des connaissances sur l’alimentation et la nutrition. Il faut donc la considérer comme un acteur d’une importance majeure dans le processus de la préservation ou de la ruine de la santé, de la culture alimentaire et de l’identité alimentaire des populations.

[1]  L’information journalistique : est considère ici comme étant de forme journalistique toute information qui vise uniquement à informer, sans souci de faire vendre un produit, si ce n’est le magazine lui-même.

 

Juliana T. Grazini dos Santos – Docteur en Information et communication, Nutritionniste, Créatrice de Verakis. 

Ceci est le quarante-septième chapitre de la “saga”  qui raconte “les fondations” de Verakis.

Lisez les chapitres antérieurs:

https://verakis.com/de-branche-en-branche-partie-46/

https://verakis.com/de-branche-en-branche-partie-45/

 

Source: Ma thèse de doctorat: “La science de la nutrition diffusée au grand public en France et au Brésil – Le cas de l’alimentation maternelle infantile. Thèse dirigée par Baudouin JURDANT

Imagem:  Julia Ardaran